La Draft NBA 2025 approche, et cette année encore, le basket français sera à l’honneur. Lors d’une conférence de presse virtuelle organisée par la NBA, nous avons eu l’opportunité d’échanger directement avec quatre talents tricolores : Noa Essengue, Nolan Traoré, Joan Beringer et Noah Penda. Tous espèrent entendre leur nom résonner lors de la grande cérémonie et se préparent à franchir le cap ultime vers le rêve américain. Entre ambitions et projections, ces jeunes prospects se livrent sur le prochain tournant de leur carrière.
Noa Essengue : « L’idéal serait un environnement compétitif »
Détendu, cool, et à l’aise à l’oral, Noa Essengue a impressionné autant par sa sérénité que par la clarté de son discours. Récemment projeté dans le top 10 de la Draft NBA 2025 par ESPN, l’ailier-fort français pourrait bien devenir le joueur tricolore sélectionné le plus haut cette année.
Actuellement engagé en playoffs en Allemagne, il aborde cette dernière ligne droite avec lucidité et en étant conscient du niveau d’exigence physique outre-Atlantique.
Je pense que ma plus grande force, c’est ma défense. Je m’entraîne pour pouvoir défendre sur les cinq postes en NBA. Je travaille également mon physique pour être prêt à encaisser le jeu en NBA.
S’il souligne aussi ses progrès aux lancers francs, il ne cache pas ce qu’il lui reste à polir. Il n’a pas de modèle figé dans la Grande Ligue, même s’il a été inspiré par des profils complets comme Paul George ou LeBron James qui peuvent tout faire sur le terrain selon lui. Et quand la comparaison avec Nicolas Batum revient sur la table, il l’accueille avec humilité.
Je dois travailler davantage sur mon dribble et ma régularité. C’est un honneur pour moi d’être comparé à un joueur comme Nico Batum, mais je veux être moi-même.
Concernant la Draft, le jeune Français insiste sur le fait qu’il ne regarde pas les mock drafts et qu’il ne ressent pas de pression particulière. Lorsqu’on lui demande s’il préfère aller dans une équipe compétitive ou une équipe moins bonne avec plus de temps de jeu, voici sa réponse :
Quand on joue au basket, on cherche forcément à être dans un environnement compétitif, mais l’idéal serait que j’atterrisse dans un endroit où mon équipe est compétitive et où je peux avoir du temps de jeu.
Pas de sélection en équipe de France cet été, la priorité est claire : « Il y a beaucoup de travail à faire en NBA. » Entre ambition et lucidité, Noa Essengue affiche déjà la maturité d’un joueur prêt à franchir le cap. Il nous a impressionné par sa connaissance de lui-même et de ce qu’il peut apporter à une équipe NBA.
Nolan Traoré : « Ils vont apprendre à me connaitre »
Le meneur français d’1m93 était lui aussi de la partie. S’il est moins loquace que la plupart de ses comparses, le jeu de la conférence de presse lui aura permis de montrer sa motivation.
Nolan Traoré est d’abord revenu sur la saison qu’il vient de terminer, sa première en professionnel du côté de Saint-Quentin. S’il considère que celle-ci est globalement bonne, il est aussi revenu sur les difficultés qu’un jeune joueur éprouve lorsqu’il évolue en Betclic Elite :
Il n’y a pas beaucoup de jeunes joueurs qui peuvent performer dans cette ligue. C’est difficile, le jeu est physique et il faut être intelligent.
Nolan Traoré a aussi évoqué son jeu. Et le meneur semblait assez au fait de ces forces mais aussi de ses faiblesses, en revenant plusieurs fois sur la nécessité de progresser sur sa capacité à tirer de loin.
Je suis un meneur très rapide sur le terrain, j’ai une bonne compréhension du jeu. Je suis toujours prêt à faire le bon choix au bon moment, pour faire avancer l’équipe.
Si la comparaison qu’il évoque lui-même avec Kyrie Irving ressemble plus à son joueur préféré qu’à celui qu’il aimerait vraiment émuler, Nolan semble en tout cas prêt à atterrir n’importe où, expliquant que son frère Armel lui donne souvent des conseils pour “apprendre de ses erreurs” et que son style de jeu “peut fonctionner de partout, tant que l’équipe a besoin d’un meneur de jeu pour mener l’attaque et faire les bons choix”.
Enfin, Nolan est revenu sur les différentes prédictions de draft, qui ont oscillé entre le top 5 et le deuxième tour, avant de se stabiliser autour du top 20 ces derniers jours.
Les scouts me connaissent moins que les américains, mais je n’y prête pas forcément d’attention. Ils vont apprendre à me connaître avec les entraînements que nous allons avoir ensemble et ça va aller.
Si Nolan est plus taiseux que ses compagnons, il n’en semble pas moins prêt et déterminé à enfin arriver dans la Grande Ligue pour se frotter aux meilleurs joueurs de la planète.
Joan Beringer : « Je veux montrer la meilleure version de moi-même »
Chemise en lin, un anglais à l’aise et un accent très français, c’est un Joan Beringer très détendu et content d’être là qui s’est présenté à ce point presse.
Le pivot de Ljubljana est tout d’abord revenu sur ses débuts dans le basket, des débuts très tardifs puisque c’est en 2021 que Joan commence le sport, lui qui “ne trouve plus de crampons de foot à [sa] taille”.
Si le natif de la région de Strasbourg a conscience de la chance qu’il a d’être annoncé en NBA, il est certain de ne pas vouloir laisser passer cette opportunité :
La NBA est mon rêve, j’en suis proche et je veux y aller. […] Non non non, je ne veux pas aller en Euroleague. Je me sens prêt, je suis très confiant et je veux juste jouer au basket désormais.
Quand on en vient au jeu, Joan est très clair. Il semble sûr de ses forces, de son envie mais il sait aussi qu’il lui reste beaucoup à apprendre :
Mes forces sont tout d’abord ma défense, je suis aussi très rapide pour ma taille. Je peux apporter beaucoup d’énergie et je veux tout donner pour aider mes coéquipiers sur le terrain.
Je veux plus tirer à trois points, je veux aussi améliorer ma lecture du jeu, je veux apprendre toujours plus. J’ai encore beaucoup de choses à apprendre.
Celui qui ne connaissait pas la NBA il y a de cela deux ans, nous a également parlé de ceux qui l’inspire, qu’il aime regarder :
On a beaucoup de similarités avec Dereck Lively. C’est un rim runner comme moi, très bon contreur et défenseur. Il sait aussi lire le jeu et c’est une qualité importante pour moi qui apprend encore tous les jours.
Si l’on souhaite à Joan d’atteindre, voire même de dépasser, ce que fait Dereck Lively aujourd’hui à Dallas, il est en tout cas certains que le jeune pivot français sera un joueur intrigant à suivre pour cette Draft 2025. En effet, chapeau bas à celui qui saura prédire le niveau plancher de Joan Beringer, et encore plus à celui qui saura nous trouver son plafond.
Noah Penda : « Je ferais n’importe quoi pour gagner »
Noah Penda fermait la marche de cette journée presse, lui qui terminait sa très belle saison avec Le Mans il y a quelques jours en quart de finale de Betclic Elite.
Noah est rentré directement dans le vif du sujet, expliquant ce qu’il veut apporter à sa future équipe NBA :
Quand tu regardes mon jeu, tu vois quelqu’un qui a une mentalité de gagnant. Je ferais n’importe quoi pour gagner. Tu vois aussi quelqu’un qui, je trouve, est prêt pour la NBA et qui a envie de travailler, d’apprendre et de se développer.
Cette mentalité de gagnant, il essaie de la cultiver par les joueurs qu’il aime suivre. LeBron James, Josh Hart, OG Anunoby ou encore Guerschon Yabusele, Noah nous explique qu’il aime bien aller chercher cette mentalité de vainqueur chez des joueurs pourtant très différents les uns des autres.
Plein de confiance en lui, l’ailier n’a pas de préférences concernant l’équipe qui appellera son nom au Barclays Center. Il sait qu’il « fera ce qu’il faut sur et en dehors du terrain pour aller chercher des responsabilités », et ça si l’équipe est en reconstruction ou même si elle est compétitive.
Alors qu’il fait parti d’un collectif bien huilé dans l’équipe de Guillaume Vizade, Noah Penda sait qu’il devra prendre plus de responsabilités et être capable de s’en sortir plus par soi-même que ce qu’il sait faire aujourd’hui. S’il pense que cela viendra du poste 4, le joueur de 2m07 aimerait aussi tenter l’expérience à d’autres postes :
J’ai commencé le basket au poste un, j’ai toujours aimé monter la balle et organiser le jeu. […] J’ai essayé de me développer sur l’aile cette année, j’ai aussi essayé de devenir un porteur de balle secondaire … Je pense qu’il ne faut pas se limiter, on peut tester beaucoup de choses avec moi.
Enfin, le Français est revenu sur sa relation avec les autres français déjà présents en NBA. Sans surprise, il échange régulièrement avec les jeunes de sa génération comme Zaccharie Risacher, Pacôme Dadiet et bien sûr Bilal Coulibaly, avec qui il a joué à Levallois-Perret en 2019. Penda a aussi eu l’occasion de discuter de la draft avec Guerschon Yabusele, son « joueur préféré », ainsi qu’avec Nicolas Batum lors d’entrainements à Los Angeles l’année dernière.
Si Noah n’a aujourd’hui aucune certitude sur l’équipe qui va l’appeler malgré de nombreuses mocks drafts l’annonçant au premier tour, nous avons pu rencontrer un garçon plein de confiance en lui, à l’aise avec son anglais et à l’aise avec les médias. Si cela ne fera pas tout pour que le Manceau se fasse une place en NBA, ce sont des qualités qui lui serviront forcément dans sa carrière à venir.